La maçonnerie, dans son ensemble, et c’est peut être là ce qui rassemble vraiment toutes les formes de maçonnerie, considère que le maçon doit travailler sur lui-même pour s’améliorer. C’est la base du parcours initiatique, le point de départ d’un cheminement qui durera parfois toute une vie : on entre en maçonnerie pour devenir meilleur. Cela passe par un travail laborieux, avec des réussites et des défaites, des hauts et des bas. Prétendre que ce travail sur soi serait terminé serait la preuve que l’on manque d’humilité et irait à l’encontre de ce que nous dit notre rituel : le travail est encore long, la pierre est à peine dégrossie.
Dans la mesure ou la maçonnerie a été crée par les maçons si je puis dire, on peut considérer que si le maçon peut toujours s’améliorer, alors sa création, elle aussi, doit pouvoir sans cesse évoluer vers quelque chose de meilleur.
Pourtant, la maçonnerie repose sur des traditions qui vont puiser dans les siècles passés et beaucoup considèrent qu’à chaque fois que celle-ci évolue, elle trahit ce qu’elle est vraiment.
C’est d’ailleurs ce qui scinde en deux la maçonnerie en France qui se prétend d’un coté être traditionnelle et gardienne des principes qui ont été définis lors de sa création, face à une maçonnerie plus progressiste qui n’a eu de cesse de se redéfinir au fil du temps pour être plus adaptée à son époque et à ses mœurs.
Doit-on considérer que la maçonnerie dite traditionnelle est parfaite ? Voila une question que je pose, sans chercher à polémiquer, à ceux qui pratiquent une maçonnerie “régulière”, car loin de vouloir faire un sujet qui prêterait aux disputes et aux querelles de chapelles, je m’interroge réellement sur ce paradoxe qui consisterait à dire que l’homme est toujours perfectible, mais pas la méthode qui l’aide à se parfaire.
Personnellement, je crois que la maçonnerie gagne très certainement à tenir compte de son époque et de la société, mais qu’elle ne doit pas évoluer dans le seul but de marquer le mandat de ceux qui sont en charge de ces évolutions. Chaque année, au convent, ce sont des centaines de propositions qui sont étudiées ; sont-elles toutes vraiment pertinentes ? Je ne pense pas. En revanche, ne pas accepter de sortir des Constitutions d’Anderson, imposer le respect des anciens Landmarks, et comparer le GODF ou les autres Obédiences Libérales à des associations profanes ressemblant de loin à de la maçonnerie sous prétexte qu’elle n’impose plus de travailler à la gloire du Grand Architecte de l’Univers et traite en loge de sujets de société me semble abusif et reflète à mes yeux ce manque d’humilité qui consiste à considérer une création de l’homme comme parfaite ne méritant pas la moindre amélioration depuis plus de trois siècles. Je parle ici par exemple de la Grande Loge Unie d’Angleterre qui ne considère pas le Grand Orient de France comme faisant de la maçonnerie.